Runtococha
Quelques commentaires s'imposent... C´est donc quelques images d´un bosquet de Polylepis qui sont présentées ici.
Je rappelle pour ceux qui auraient raté un épisode que Adèle et moi avons assisté au second congrès pour la conservation de ce type de foret
(II Congreso Internacional de Ecología y Conservación de Bosques de Polylepis ).
La particularité de celle-ci est l´altitude a laquelle on les trouve, soit entre 3800 et 5200m, ceci dans toute les Andes c´est a dire au Venezuela, Colombie, Equateur, Pérou (hé, hé), Bolivie, Chili et Argentine.
Comme beaucoup de foret dans les Andes et plus largement dans les pays du sud, celle-ci subissent une grande pression. Si les foret de Polylepis sont particulièrement en danger c´est pour plusieurs raisons :
- dans ces conditions, la croissance des arbres ne peut que être très réduite
- importation des pratiques agricoles européennes, espèces et culture sur brûlis
- extrême pauvreté des communautés vivants a proximité, culture vivrières quasi exclusive donc extraction de bois pour la cuisine et le chauffage (0 a –10°C la nuit)
- extraction pour la vente par les habitants des vallées adjacentes
…
Les raisons pour lesquelles ces forets doivent être protégées sont aussi multiples :
- sans forêts l´eau devient très problématique dans les Andes, absente en saison sèche (plus d´effet « éponge ») et très dangereuse en saison des pluies a cause de son abondance sur des pentes nues.
- absence de ressource en bois
- intérêts écologiques multiples (équilibre climatique, biodiversité…)
…
Pour ce qui concerne les pluies c´est d´autant plus important aujourd´hui car le dérèglement climatique global se fait fortement ressentir dans les Andes, ou plutôt ici au Pérou pour ce que je connais. Depuis cinq ans les pluies sont plus faibles pendant la saison humide. Les capacités de stockage des forets sont donc très précieuses afin d´assurer une redistribution tout le reste de l´année.
Si en saison des pluies la protection des sols n´est plus a assurer en raison de la faible intensité des précipitations, il est important d´envisager, je crois, que les dérèglements climatiques ne sont pas qu´une somme de tendances desquelles on pourrait s´accommoder facilement. En effet, un peu moins de froid en hiver pour les climats tempérés ne peut cacher en aucun cas le fait que le caractère chaotique du climat va en s´accentuant et que le retour a une phase d´équilibre ne sera pas sans contraintes très importantes pour l´humanité.
Au passage, même si l´anecdote est a manier avec beaucoup de précaution dans ce domaine, en pleine saison sèche il a plu toute la nuit. En altitude on aperçoit une mince pellicule de neige qui, ce matin, laisse rêveur les péruviens habitués a ne la rencontrer que sur les glaciers soit au dessus de 5200m.
Le matin, avant que les rayons du soleil ne nous rappelle notre position intertropicale ça caille ! Ici quelques jeunes Polys sont couvert de givre comme tout ce qui n´est pas dans le bosquet. Celui-ci tempère grandement la température subi, la nuit mais aussi et surtout la journée ou le soleil ne brûle pas les jeunes pousses. L´insularité d´un bosquet est donc accentué par son... insularité, on y reviendra.
Une grosse mémère que cette Bécassine des paramos (35cm), assez facile a voir avec un peu de patience. Elle passe régulièrement de la partie inférieur du bosquet a la partie ouverte et humide. De même on pourra voir ainsi pas mal d´espèces dont la Grallaire des Andes (Grallaria andicola) qui m´émerveillera toujours par sa position dressée et son regard qui tire étonnamment vers l´humain. On rencontrera cette fois avec un peu plus de nouilles le fameux Cinclode royal (Cinclodes aricomae) en danger critique d´extinction, je le rappelle, et dont suivent un certains nombre de photos quelques post plus bas.
Pour ceux qui ont été très attentifs, je réponds a leur interrogation : qu´est-ce que vient faire une espèce de paramo au sud du Pérou alors que ce terme désigne normalement un milieux très spécifique qui peut être apparentée a une puna humide, la puna ("steppe d´altitude") étant le milieux qui entoure le bosquet . On ne trouve le véritable paramo uniquement qu´au nord du Pérou (très peu) et surtout en Equateur, Colombie... (revoir présentation générale au début du blog)
Ici c´est en raison de son attrait pour les milieux humides qu´elle est appelé ainsi, humidité grâce a quoi... grâce au bosquet bien sur
Andean Snipe | Gallinago jamesoni | Bécassine des paramos |
Ici on a pris un peu de recul, on aperçoit le premier bosquet depuis un super riquiqui en face et si vous étés attentif (cliquer sur la photo) une partie d´un autre en haut a gauche que l´on a jamais prospecté encore car on ne l´avait tout simplement pas vu. La longueur de premier fait a peine 150m donc on a estimé sa surface a une moitié d´hectare.
Des patchs comme celui-ci il y en a environ 5 principaux sur le site. Certains étant un peu plus grands, on a donc estimé la surface totale a 4 hectares. Le projet qui se lance cet année comporte une phase étude, il nous faut trouver des volontaires pour cartographier et lister les espèces sur plusieurs sites.
A l´extérieur du bosquet on trouve donc un certain nombre d´espèces dont la présence ne sera pas directement en relation avec la foret mais pour certaine cette relation sera indirecte (ex : bécassine).
Mountain Caracara Phalcoboenus megalopterus Caracara montagnard
Black-chested Buzzard-Eagle Geranoaetus melanoleucus Buse aguia
Andean Lapwing Andean Lapwing Vanneau des Andes
Andean Hillstar Oreotrochilus estella Colibri estelle
Andean Flicker Colaptes rupicola Pic des rochers
Common Miner Geositta cunicularia Géositte mineuse (ici en photo)
Cordilleran Canastero Asthenes modesta Synallaxe des rocailles
Streak-throated Canastero Asthenes humilis Synallaxe terrestre
Vu sur le "troisième" patch. Bosquet installé sur une forte pente et sur des rochers plus ou moins gros comme souvent. Nous n´avons jamais vu beaucoup d´oiseaux dans celui-ci qui est assez haut : 4400m, mais du travail d´obs. reste a faire.
Vu sur le quatrième par encore visité, apercu en allant voir les péruviens qui habitent le site.
Voilà a quoi resemble le Chaqra des paysans d´altitude. Elevages, champ pour patates et hutte de foin pour habitation.
Papas nativas en oposition aux patates formatées qui innondent le marché.
Voila le poly ou ce qu´il en reste, ce tas servira a la cuisine pour une journée OU a une seule nuit de chauffage.
La bouse sèche peut remplacer le Poly. C´est avec elle que la mama allume ensuite la cuisinière.
Bar-winged Cinclodes | Cinclodes fuscus | Cinclode brun |